Lycée du Haut-Barr

- 67700 Saverne -

 
Le 20 avril, dans le cadre du Mois de l’autre, deux comédiens, Audrey Clauss et François Laflahi, accueillis par le proviseur, Monsieur Buttner, la professeure de Lettres Edwige Lanères et la professeure documentaliste Isabelle Gourmelon, sont venus sensibiliser les élèves de 2de5 aux différents aspects que revêt l’intolérance, et aux souffrances qu’elle engendre.
 
D’un abord sympathique et fort chaleureux, Audrey et François reçoivent les élèves de 2de5 et les invitent à s’asseoir en cercle, en mélangeant filles et garçons. « Madame », dit François quand il s’adresse aux jeunes filles de 15 ans, fort surprises de s’entendre appeler ainsi pour la première fois de leur vie. Le décor est posé : il s’agit d’éviter tout type de discrimination. Un garçon est appelé « Monsieur », quel que soit son âge et sa situation familiale ; pourquoi devrait-il en être autrement pour les filles ? C’est vrai, nous n’y avions pas réfléchi. 
En guise d’échauffement, les élèves effectuent divers jeux théâtraux dans lesquels ils doivent tenir compte des autres. Par exemple, ils attrapent tous les mains de deux camarades, ce qui forme un grand nœud humain qu’ils parviennent à dénouer pour former un cercle, grâce à leur ingéniosité et leur entraide : « Passe par-dessus ses bras. Attends, je te tiens… » Dans le même esprit, ils se placent en binômes, choisissent une destination de voyage (Martinique, Russie, Chine…) et doivent mémoriser les pays des autres pour s’y rendre en traversant la pièce. L’écoute des autres est la clé d’une société qui fonctionne bien.
Tout au long de leur intervention, les comédiens de la compagnie ACTE guident les débats et invitent les élèves à mettre en scène différentes situations discriminatoires. Dès qu’un.e jeune bavarde, on lui demande de répéter à haute voix ses commentaires : « Il n’y a pas de mauvaise question ni de mauvais débat », leur assure-t-on. Le respect de la parole d’autrui étant posé comme principe inaltérable, les échanges sont riches et fructueux.
Plus difficile : il est demandé à quelques lycéen.ne.s de défendre des causes auxquelles ils n’adhèrent pas : « Toi, tu es une mère qui défend l’idée qu’il est préférable d’habiller tes enfants avec des habits de marque, et toi, en face, tu incarnes un père qui contredit cette opinion. Donnez tous deux des arguments convaincants. » Après quelques rebuffades, les adolescents se prêtent au jeu.
Notre duo conduit alors les apprentis comédien.ne.s vers des enjeux plus cruciaux : le sexisme, le racisme, la violence. Ils jouent une saynète fort misogyne et incitent les élèves à imaginer à leur tour, en groupes, diverses situations mettant en scène des formes de discrimination. Chaque groupe joue sa scène devant la classe ; c’est intimidant, mais là encore, tous les jeunes se lancent. 
Avec une naïveté admirablement jouée, François Laflahi parvient à soulever des problèmes de fond, comme la drogue, les difficultés dans les relations familiales, la souffrance vécue par les jeunes ou les adultes qui se sentent exclus. A la fin de l’intervention, une élève fort impliquée gronde vertement sa fille, jouée par l’actrice Audrey Clauss, qui avait eu, dans cette scène improvisée, des « mauvaises fréquentations », et qui cachait de la drogue sous son matelas. L’adulte joue l’ado, l’ado joue la mère, les nœuds se dénouent…. Bravo Audrey, François, et BRAVO aux élèves !
Toute la classe de 2de5, ainsi que les professeures, ravies de cette intervention si passionnante, remercient vivement les acteurs de la compagnie ACTE.
 
Edwige Lanères