Lycée du Haut-Barr

- 67700 Saverne -

Photo 1 : De G. à D. : Lilia Muller (TG2), le conférencier Grégoire Chauvière Le Drian, Louise Weiss (!), Claire Le Van, référente UNESCO, chargé de mission par la Ville de Saverne pour la promotion de la vie et de l’œuvre de Louise Weiss, et Nicolas Dubois (TG2).
 
Le lundi 22 Janvier 2024, en salle Lully au château des Rohan de Saverne, une petite équipe du Lycée du Haut-Bar est venue à la rencontre de Grégoire Chauvière Le Drian, responsable de la BEI en France, pour en savoir davantage sur les enjeux économiques dont cette banque est porteuse. Cette soirée à thème, organisée par la ville de Saverne, a donné l’occasion à deux élèves porte-paroles du lycée, Lilia Muller et Nicolas Dubois de la TG2, accompagnés par leur enseignante de philosophie, Mme Le Van, tout d’abord de bénéficier des éclairages de ce brillant conférencier, engagé pour promouvoir l’Europe et ses actions en faveur d’une politique de développement durable et de projets à visées sociales, et ensuite de pouvoir lui poser quelques questions lors d’une interview en fin d’intervention. Les jeunes ont été ravis de s’improviser « journalistes d’un soir », à la manière de Louise Weiss qui allait rencontrer des interlocuteurs avertis pour approfondir un sujet. Ainsi, les élèves ont mieux compris comment fonctionne la BEI et quels impacts elle peut avoir sur leur quotidien.
 

1. Accueil par Monsieur Stéphane Leyenberger, maire de Saverne :

 
Photo 2 : Le maire Stéphane Leyenberger accueille l’auditoire et présente le conférencier.
 
Il n’est pas anodin que cette conférence se soit tenue le 22 janvier 2024, jour de l’amitié franco-allemande, date idéale pour parler de l’Europe. 
 
 
Photo 3 : Saverne, légataire universelle de Louise Weiss, se doit de réfléchir sur l’Europe.
 
Le fait qu’un grand portrait de Louise Weiss trône dans la salle Lully avec trois drapeaux, européen, français, alsacien, revêt une portée symbolique forte à Saverne, Ville qui est l’héritière de la vie et des combats de la « Grand-mère de l’Europe ». La Ville lui est redevable, car Louise Weiss a choisi Saverne comme légataire universelle. Le Château des Rohan abrite un musée présentant les collections permanentes de cette grande Européenne, promotrice de la paix et des droits des femmes, musée qui se situe juste au-dessus de la salle Lully, si bien que cette conférence est placée, pour ainsi dire, sous le regard bienveillant, tutélaire et protecteur de cette grande Européenne, qui a prononcé le célèbre discours d’ouverture du Parlement européen le 17 juillet 1979. En vue des élections européennes et au vu de la montée dans les sondages de certains partis candidats au Parlement, mais se voulant contre l’Europe (un vrai paradoxe !), le maire nous rappelle l’importance d’être éclairés sur le sujet, afin d’orienter son choix le 09 juin 2024 vers des partis qui promeuvent réellement l’Europe. Voilà pourquoi l’intervention de GCLD est d’une importance décisive.
 

2. Conférence de Grégoire Chauvière Le Drian :

 
Photo 4 : Une conférence éclairante présentée par le directeur de la BEI en France qui présente l’apport de l’Europe aux Français loin des idées reçues et des clichés.
 
Directeur du bureau France de la Banque européenne d’investissement (BEI) depuis près de 4 ans, Grégoire CLD a commencé par nous éclairer sur ses motivations : convaincre de l’intérêt de l’Europe et faire connaître la BEI, une institution européenne trop souvent ignorée du grand public, créée en 1957 par le Traité de Rome. Elle est la plus grande banque publique au monde. Le principal objectif de la BEI est de financer les politiques publiques européennes des 27 États membres, et finance également, avec un mandat de développement, certaines politiques extérieures dans des pays émergents. Outre les financements octroyés, son rôle est aussi celui de conseiller. L’objectif de la BEI n’est pas de faire des bénéfices, ce qui peut paraître singulier pour une banque ! Et cette banque ne coûte rien aux contribuables, car elle emprunte de l’argent sur les marchés financiers pour le reprêter ensuite, transférant l’avantage dont elle dispose dans son coût de la ressource grâce à sa très bonne notation (AAA). Elle choisit les projets qu’elle finance (infrastructures, recherche et développement, innovation, rénovation collège/lycée/hôpitaux et aussi les PME comme des entreprises de moins de 500 employés)… Il existe au sein de la BEI un critère important d’analyse exhaustive des projets sur tous les aspects pour qu’ils soient en ligne avec le projet européen. La BEI travaille avec la société civile dans une relation de confiance. 
 
CRISES AUXQUELLES FAIT FACE L’EUROPE :
 
L’Europe est aujourd’hui interrogée sur ses objectifs et ses résultats. L’Europe fait face à nombre de crises : financières, sanitaires, écologiques, énergétiques, politiques, sécuritaires …
    • Tout d’abord, il convient d’évoquer le Brexit, qui est une véritable « blessure pour l’Europe ».
    • Puis, mentionnons aussi la crise économique de 2009 : certes, des politiques ont été mises en place, mais pas assez rapidement ;
    • La crise sanitaire (avec le COVID-19) a également fortement impacté l’Europe qui a su réagir en lançant un plan d’investissement dans lequel les États de l’UE ont décidé de s’endetter de plus de 800 milliards d’euros en juillet 2020. La santé n’était pas inscrite dans une politique commune européenne, mais la BEI a soutenu la recherche (en finançant par ex. l’entreprise BioNtech à l’origine du vaccin Pfizer quand celui-ci travaillait sur des remèdes pour les cancers lourds mobilisant l’ARN messager, encore inconnu !).
    • La crise sécuritaire (avec la guerre en Ukraine) a vu l’émergence d’une vision pour ne pas dire encore de politique - de défense commune très rapidement après le début du conflit avec un financement d’armes pour l’État ukrainien. Ce qui est particulièrement intéressant est la réactivité de la réponse européenne, qui se compte en jours sur un sujet qui était encore tabou.
    • La crise écologique et énergétique : avec le réchauffement climatique, il convient de décarboner les énergies et d’adopter des comportements plus respectueux de l’environnement pour un développement durable en finançant des projets pour le climat.
 
PARTICIPATION DANS LA LUTTE POUR LE CLIMAT :
 
La BEI est aussi connue sous le nom de « banque européenne du climat » ce qui témoigne de l’importance qu’elle accorde à l’aspect écologique. Il y a un consensus entre les États membres sur la lutte pour le climat, qui représente plus de 60 % des investissements de la BEI, avec des politiques comme :
 
    • Réduire les émissions de CO2 de 55 % d’ici 2030 (« Fit for Fifty Five ») et parvenir à une Europe décarbonée en 2050 ;
    • Accompagner des grosses entreprises pollueuses en finançant la recherche et le développement en vue de la neutralité carbone de ces dernières ;
    • Accompagner dans la rénovation thermique des bâtiments publiques (collège, lycées, hôpitaux…) et aussi privé, afin de baisser leur consommation énergétique ;
    • Investir dans la production d’énergies renouvelables, qui est l’un des plus grands enjeux ;
    • Aider les collectivités territoriales ;
    • Favoriser le marché des Green Bonds, contribuer à la mise en œuvre du Green Deal…
 
Exemple de l’importance de l’UE dans cette lutte : Bruno LE MAIRE, ancien ministre de l’Agriculture et actuel ministre de l’Économie, fait appel à la BEI pour les fonds énergétiques, ce qui n’alourdit pas le budget de l’Etat, et ce qui témoigne de l’importance donnée à l’échelon européen pour avoir un levier d’action pertinent. 
 
ÉCONOMIE ET SOUVERAINETÉ :
 
La BEI encourage les « Gigas Factories » à s’implanter en Europe afin de ne plus dépendre des marchés Américains et Asiatiques et assurer une certaine souveraineté européenne. Mais elle aide aussi les plus petites entreprises en partenariat avec le groupe Caisse de Dépôts, notamment la BPI. Plus de 12 milliards d’euros ont été financés en France en 2023 sans que ces investissements ne viennent alourdir la dette de l’Etat. La BEI ne finance cependant que jusqu’à 50 % du coût total des projets qu’elle soutient. La BEI a un résultat net qui varie, entre 1 et 3 milliards d’euros qui sont réintégrés aux réserves de la BEI. Actuellement, la BEI dispose de plus de 600 milliards d’euros d’actifs sous gestion, et ce chiffre devrait croître dans les prochaines années. 
 

3. Conclusion de la conférence :

 
Grégoire CLD conclut sur la nécessité de voir le futur des pays membres à travers l’Europe, et cela dans une perspective inclusive de tous les territoires. Il insiste sur le fait que l’Europe n’est pas seulement représentée au Luxembourg, à Strasbourg, ou à Bruxelles, mais concerne la vie de tous les citoyens et citoyennes, voilà pourquoi il décide de faire un tour de France le nommant « l’Europe des Solutions », afin de présenter la BEI qui rend des services éminents aux populations, mais que ces dernières ignorent faute d’information. Il commence par Saverne, ville héritière de Louise Weiss pour évoquer cette Europe du quotidien. 
Il insiste ensuite sur la nécessité de faire connaître l’Europe et ses institutions, ne se limitant ainsi pas seulement « à savoir-faire », mais aussi « à faire savoir », pour donner de la notoriété aux organismes aujourd’hui méconnus et pourtant si utiles, mais aussi pour convaincre les eurosceptiques. En effet, selon un sondage « Eurobaromètre », la France est avant-dernière à l’égard de son intérêt et de ses préoccupations européennes, allant jusqu’à douter de sa viabilité ou de son utilité. Ce qui est paradoxal quand on constate à quel point l’Europe est proche d’eux, et leur offre services et aides pour des projets respectueux de l’environnement et des valeurs sociales !
Les élections européennes du 09 juin prochain représentent donc un enjeu de taille car elles pourraient constituer un tournant dans la place de la France au sein de l’UE, certains partis candidatant n’étant pas pro-UE, d’où cette importance pour Grégoire CLD de faire connaître ces enjeux et de souligner à quel point l’Europe est présente dans notre quotidien, en favorisant notamment le développement durable, qui est un enjeu crucial pour construire l’avenir.
 
 
Photo 5 : l’interview des élèves à la fin, qui peuvent ainsi demander des éclairages complémentaires sur la conférence. 
 
Le conférencier précise que pour obtenir plus d’infos sur l’Europe, il convient de voir le site internet : https://www.touteleurope.eu/  
 
Merci à Grégoire Chauvière Le Drian pour sa disponibilité bienveillante et tous les éclairages apportés sur la BEI ! Merci à notre maire Stéphane Leyenberger d’avoir organisé cette conférence éclairante !
 
 
Résumé rédigé par Lilia Muller, Nicolas Dubois et Claire Le Van.