Lycée du Haut-Barr

- 67700 Saverne -

Photo 1 : Les TSTI1 avec Céline Buttin et Claire Le Van devant l’écran du CDI du lycée, où la documentaliste leur a vidéoprojeté des supports visuels lors de son atelier sur les médias.
 
Le jeudi 08 février, les TSTI1 ont bénéficié d’une séance sur les médias présentée par Céline Buttin au CDI du lycée. Cette activité s’inscrit dans leur cours de philosophie avec Claire Le Van, qui porte sur deux questions : « Les médias nous donnent-ils accès à la vérité ? » et « Quels sont les critères qui permettent de garantir le respect de la liberté de la presse ? », les concepts de liberté et de vérité étant au programme de philosophie des TSTI. La documentaliste a su avec brio présenter aux élèves une réflexion au sujet de l’impact sur l’information nationale généraliste de la concentration des médias français dans les mains de 11 milliardaires. Comment maintenir la liberté de la presse sans réel pluralisme ?
 
Photo 2 : Céline Buttin a tout d’abord évoqué les critères listés par « Reporters sans frontières » qui permettent d’évaluer la qualité de l’information dans un pays, en tenant compte du contexte politique, du cadre légal, des aspects économiques, de paramètres sociaux-culturels, du niveau de sécurité des journalistes, etc. 
 
Dans cette échelle de classement critériée, les pays obtenant un score entre 85 et 100 ont un bon niveau de liberté de la presse, entre 70 et 85, le niveau est plutôt bon, entre 55 et 70, le niveau est problématique, entre 40 et 55, la situation est difficile, et entre 0 et 40, la situation est très grave. 
 
Photo 3 : La documentaliste évoque des pays où la situation est problématique comme le Japon (score 63), ou la Grèce (score 55). 
 
La France, quant à elle, est classée au 24ème rang. Les pays les plus vertueux en la matière se situent en Europe du Nord : 1. la Norvège (95), 2. l’Irlande (89), 3. le Danemark (89), 4. la Suède (88), 5. la Finlande (87). Les pays les moins bien classés sont : 176. le Turkménistan (25), 177. l’Iran (24), 178. le Vietnam (24), 179. la Chine (22) et 180. la Corée du Nord (21). La situation est très grave dans 30 pays.
 
Photo 4 : Une diapo qui laisse songeur… 11 milliardaires détiennent presque tous les médias à diffusion nationale en France.
 
Au-delà de la question strictement politique, car on comprend bien qu’il n’y a pas de liberté de penser et de s’exprimer dans des régimes autoritaires, l’indépendance des médias pose question même en démocratie en raison des sources de financement. En effet, Céline Buttin souligne que l’aspect économique est un critère décisif, qui constitue la plus grande menace pour les médias dans les pays qui pratiquent le libéralisme capitaliste. Les journalistes ne peuvent pas bien faire leur travail s’ils ne disposent pas de la liberté d’écrire ce qu’ils veulent. La concentration des médias devient un phénomène préoccupant, en particulier en France. 
 
Photo 5 : Les principaux actionnaires des médias privés : François Pinault, Patrick Drahi, Vincent Bolloré, Martin Bouygues, Xavier Niel, Bernard Arnault.
 
Céline Buttin propose ensuite de discuter la question de l’influence dans les médias. Une infographie est montrée, où l’on constate que 36% des invités politiques de CNews sont d’extrême droite. CNews, média détenu par Vincent Bolloré, est une véritable tribune politique pour l’extrême droite et la droite bien marquée (plus de 60% des invités dans les émissions politiques proviennent de ces deux tendances politiques). Se pose alors la question de la promotion d’une tendance politique, alors que l’information est censée être la plus neutre et objective possible, et surtout protéger le pluralisme des points de vue. Ces actionnaires milliardaires peuvent donner le ton, au point même d’exercer des formes de censure. Lorsque Vincent Bolloré a été mis en garde à vue, BFM TV et France Info en parlent brièvement, tandis que CNews occulte cette information et focalise son attention sur le prénom du futur enfant d’un couple royal, ce qui fait diversion.
 
Photo 6 : Après un extrait de « Media Crash » sur l’agence Havas, Céline Buttin explique comment le groupe Bolloré présidé par Vincent Bolloré, en lien direct avec Vivendi et par suite avec le groupe Havas, dirigé par son fils Yannick Bolloré, a exercé une forte pression sur « le Monde ».
 
« Le Monde » a fait un article pour dénoncer le monopole de groupe Bolloré en Côte d’Yvoire (les deux ports d’Abidjan ont été achetés par le groupe Bolloré, ce qui va à l’encontre du respect de la libre concurrence). Cet article n’a pas plu à l’intéressé. Il a donc réagi en sanctionnant « Le Monde ». Il a fait en sorte que le groupe Havas, spécialiste de Com et du placement de la publicité dans les médias, groupe dirigé par son fils, supprime un temps des pages de publicité dans « Le Monde ». Or, la presse écrite a un besoin vital de la publicité, cela constitue un apport financier nécessaire à la publication. En supprimant les publicités, « Le Monde » a eu ponctuellement un manque à gagner se chiffrant en millions d’Euros, ce qui a constitué une vraie menace économique. Les seuls deux journaux qui n’insèrent pas de publicités dans leurs pages sont « Le Canard enchaîné » et « Charlie Hebdo ». « Médiapart » est aussi un site fonctionnant sans recourir à la publicité. Ces trois sources d’informations sont indépendantes, ainsi des lanceurs d’alerte peuvent s’y exprimer librement. « Le Monde » a dû essuyer une forte pression économique. La brutalité de cette pression du groupe Havas, à caractère immédiat, a pour effet que beaucoup de journalistes s’auto-censurent pour ne pas mettre en difficulté les journaux qui les emploient. 
 
Conclusion : Même dans les démocraties, la liberté de la presse est mise en danger du fait des pressions économiques qui s’exercent, ce qui a pour conséquence de générer de la censure et de l’auto-censure. 
 
Photo 7 : Les TSTI1 prennent des notes sur un document, ce qui leur permet de conserver une trace écrite de cette séance qui leur aura permis de réfléchir aux conditions de la liberté de la presse et à la possibilité pour les journalistes de dire ou écrire la vérité.
 
Merci Céline pour cette remarquable séance ! Merci aux TSTI1 qui ont suivi attentivement les informations transmises et ont répondu aux questions posées !
 
Claire Le Van, 18. 02. 2024.