Lycée du Haut-Barr

- 67700 Saverne -


Le vendredi 14 avril 2023, deux classes accueillent Piet, dessinateur de presse, avec leur professeure de français Edwige Lanères.


C’est un grand jour ! La venue de Piet, alias Pierre Pauma, constitue l’acmé du projet « Tous et toutes migrant·es » mené avec la 2de2 et la 2de4.
Deux actions communes ont été organisées :
    - l’exposition de Cartooning for peace “Tous migrants”, du 3 au 14 avril 2023
    - et l’intervention du dessinateur de presse Piet : Pierre Pauma, le 14 avril.

L’objectif de ces actions est l’éducation citoyenne des lycéens et lycéennes : il s’agit de les aider à comprendre les préjugés que véhicule la société à propos des personnes migrantes, et de les sensibiliser aux droits humains, par le medium des dessins de presse, qui sont un langage universel.
En amont, un travail préparatoire est effectué avec les deux classes de 2de inscrites dans le projet.

Plusieurs jours avant la venue de Piet, les élèves des deux classes ont observé minutieusement les dessins présentés sur les kakémonos, pour répondre à un questionnaire assez détaillé.


Nous sommes tous et toutes issu·es de personnes qui ont migré, et peut-être migrerons-nous à nouveau…

1° Les élèves écoutent l’audiolivre La pêche du jour, d’Eric Fottorino ; Mme Lanères a envoyé cette œuvre à Piet, il l’a écoutée aussi, en dessinant. C’est un dialogue entre un pêcheur de cadavres de migrants en Méditerranée et une jeune femme européenne, un peu moraliste, un peu donneuse de leçons. En classe, plusieurs retours ont été faits sur cet audiolivre. Et le jeudi 11 mai, la classe de 2de4 débattra sur cette œuvre avec quatre classes venues d’autres lycées, à la médiathèque André Malraux de Strasbourg, dans le cadre de la rencontre La plume de paon des lycéen·nes.

Pour la couverture de l’audiolivre, le graphiste s’est inspiré de La vague d’Hokusaï. Il l’a doté d’une dentition effrayante, prête à broyer les migrant·es qui tentent la traversée de la Méditerranée… ou de la Manche.

Abel Puech, élève de 2de2, représente la mer comme une métaphore de l’indifférence générale à l’égard de la détresse des personnes qui doivent s’exiler, au péril de leur vie. Cette toile mérite d’être observée de près : les traits hachés rappellent la violence des flots, et de l’oubli. Les contrastes intenses forts entre le bleu sombre de la houle et les taches orange des gilets des noyés… tout nous crie « Wake up! » Réveillez-vous ! Réveillons-nous !

2° L’exposition « Tous migrants » de Cartooning for peace a été observée en demi-classes, et les élèves ont répondu à un questionnaire précis portant sur différents thèmes : les raisons pour lesquelles des personnes sont amenées à quitter leur pays, les itinéraires, les conditions inhumaines endurées lors de leur traversée, les formalités administratives inextricables exigées pour obtenir un droit d’asile, etc.

Pour les humains fuyant la misère ou la guerre qui sévissent en Afrique centrale, la « boussole des migrant·es » n’offre que des directions problématiques et dangereuses : le naufrage, la xénophobie, Boko Haram (un groupe terroriste, jihadiste, basé en Afrique de L’ouest), Al Shabaab (autre groupe terroriste islamiste, en Somalie, à l’Est).

Camille, Mélina, Talea, Daniel, Maelys et Anaïs observent avec intérêt les dessins satiriques.

La 2de4 s’investit pleinement dans cette action ; les jeunes font des remarques pertinentes sur les dessins exposés.

La 2de4, moins dynamique mais plus attentive, est également marquée par les représentations des migrant·es à travers le monde.

3° Les élèves ont réalisé en binômes un diaporama présentant dix dessins de presse qui portent sur différents pays, différentes situations. Pour ce faire, ils et elles consultent les ouvrages du CDI, notamment ceux de Cartooning for peace. Les jeunes expliquent ces dessins à leurs camarades sous forme d’exposés.

Les jeunes illustrent à leur façon l’audiolivre La pêche du jour, un texte d’Eric Fottorino lu par Jacques Weber et Lola Blanchard.
Alice Bernardorff trace une allégorie de la mer, muette dévoreuse de vies humaines ; Romane Gehres une mère portant sa fille au milieu des corps noyés ; Mélina Poisson une fillette en robe bleue étoilée, aux couleurs de l’Union Européenne, dansant sur un tas immergé de crânes humains, et Celena Panevel un bateau de pêche auprès d’une barque renversée : une vague à la Hokusai s’apprête à dévorer les occupants de cette embarcation de fortune.

Alice, Celena, et Romane présentent leurs œuvres.

Au 1er rang : Maxens, Romane, Celena et Alice.
2è : Anaëlle, Enzo, E. Lanères et Louisa.
3è : Hakim, Bilal, Amaury, Evan et Pierre.

4° Les élèves ont rédigé un dialogue platonicien, selon la technique de la maïeutique : le « maître » ou la « maîtresse » pose des questions qui aident son/ sa disciple à « accoucher » d’une vérité, sur le thème « Tous migrants ». Ces dialogues sont oralisés en classe.

Nous décryptons ensemble les messages transmis par les dessins satiriques.


5° Nous travaillons sur l’épreuve de la contraction de texte, car les élèves qui choisissent une filière technologique passeront cette épreuve lors du bac de français. Ils et elles ont résumé un article du journal Le Monde en lien avec les migrant·es.

Lecture des kakémonos et travail sur le questionnaire, en 2de2.

Pierre Bruley-Parisot, Louisa Michel-Muller, Romane Gehres et Benjamin Martin exposent leurs dessins sur les migrant·es. Le dernier est un détournement sur Serment des Horaces, un tableau de David : on y voit des footballeurs des équipes de France et d’Argentine, tout sourire, indifférents aux souffrances endurées par les travailleurs migrants qui ont construit les stades, pour la coupe du monde de football masculin, au Qatar.


L’exposition de Cartooning for peace « Tous migrants » est arrivée le vendredi 31 mars ; une élève a monté avec la professeure les douze kakémonos, sans oublier les dessins réalisés par Celena, Mélina, Romane, Pierre, Louisa et Benjamin.
Lorsque les pancartes sont en place, les élèves sont invité·es à les découvrir, à répondre à un questionnaire, et à effectuer, par trinômes, un retour, en classe, sur le panneau qu’ils / elles auront eu à étudier en particulier.
Enfin le jour J survient, et avec lui, un jeune dessinateur de presse : Piet, alias Pierre Pauma. Le journaliste Jean-Charles Fischer couvre la rencontre du matin, celle de la 2de4, pour les DNA. Les jeunes discutent avec Piet à propos des dessins ; ils et elles posent des questions, et, en habitué du public scolaire, Pierre ne répond pas de façon verticale, tel un maître doté d’un pouvoir de connaissance universelle. Non, il amène les élèves à observer plus finement, et à réfléchir. 

Les dessins de Vadot et de Haderer ont en commun de représenter une utopie derrière des barbelés.


« - Pourquoi est-il écrit “paid with her body″ au-dessus de toutes les femmes migrantes, sur le dessin de Donnelly ? 


    - A ton avis ? »


Une autre élève intervient et répond ; ses mots jettent un froid…

Le dessin de Morin est un clin d’œil aux intolérants qui s’imaginent que telle terre leur appartient, parce qu’ils l’ont occupée.


« - Ha ha ! J’aime bien l’Indien, s’exclame un élève devant le panneau “La peur de l’autre″ : quand les Américains lui crient “Repartez d’où vous venez ! ″, il répond : “Vous m’avez ôté les mots de la bouche.″
« Cela me rappelle les Essais de Montaigne, se dit la professeure. Au moins, ces élèves devraient saisir plus facilement la portée de certains textes humanistes, et ce qui est en jeu dans ces changements de perspective. »
Anaïs est en contemplation devant l’avant-dernier kakémono, où l’on voit un homme franchir un mur, muni d’une grande fourchette portant un baluchon. Le dessin est signé Boligan.
    - « Il essaye peut-être de passer aux Etats-Unis, dans l’espoir de fuir la faim, la misère du Mexique. Mais il est obligé de passer par-dessus le mur que Bush et Trump ont fait ériger à la frontière. 
    - Oui, d’ailleurs il manque des éléments sur ce dessin, précise Piet ; en réalité le mur est très haut, et il donne sur une route, puis sur un deuxième mur plus loin ; on ne le franchit pas si facilement.
    - Comme le mur de Berlin ?
    - C’est ça. »

Piet et les élèves commentent le dessin de Boligan : un Mexicain franchissant le mur qui sépare son pays des Etats-Unis.

Le dernier kakemono donne à voir une œuvre d’art : Ecole, de Cost, un artiste belge né à Moscou, en URSS. Ce tableau représente un mur immense, qui ressemble à celui qui interdit aux Mexicain·es le passage vers les USA. Ici, l’un des pans de la muraille a été ôté, laissant un passage béant vers l’autre côté. Ce pan de mur, placé à l’horizontale, fait office de tableau d’école, comme le rappelle le titre de la toile. Il porte des inscriptions qu’un instituteur fait lire à ses élèves assis·es au sol. L’atmosphère poétique qui se dégage de ce tableau évoque une aube, un espoir : celui que, peu à peu, grâce à la transmission, grâce à l’éducation, les barrières tombent.


La visite de l’exposition ayant amorcé un échange fructueux entre l’artiste et les élèves, le groupe monte au CDI, où Piet nous présente son métier : dessinateur de presse.
    - « J’ai commencé à votre âge dit-il, et même un peu plus jeune : au collège, je m’amusais à caricaturer mes profs, mes camarades, et aussi des célébrités.
Plus tard je suis devenu journaliste, mais je me suis rendu compte que l’objectivité, cette sorte de neutralité requise dans cette profession ne me convenait pas. Les journalistes vont sur le terrain pour informer, moi je m’appuie sur leur travail, et je commente l’actualité. Au lycée, puis à l’IEP (Institut d’Etudes Politiques), je dessinais des portraits satiriques des politiciens, et j’ai commencé à travailler pour des journaux comme Zélium, et Rue89 Strasbourg. »

L’humour noir est l’un des procédés présentés par Piet. Ici le militaire cul-de-jatte représente le manque de moyens dont dispose Poutine pour poursuivre la guerre qu’il mène depuis plus d’un an contre l’Ukraine.

    - Vous aimez vous moquer, constate Enzo, plutôt sceptique.
   - Il y a une différence entre la simple moquerie et la satire ; le fondateur du journal satirique Hara-Kiri (l’ancêtre de Charlie Hebdo) disait qu’il valait mieux rire que se complaindre. Mais je m’interroge, avant de faire un dessin. Une fois j’ai hésité à publier un dessin sur le crash d’un hélicoptère car l’ami d’un ami était mort ainsi ; j’avais peur de raviver sa douleur. Finalement je ne l’ai pas fait.
Un peu rassuré·es, Clémentine et Enzo opinent en silence. La moquerie, le harcèlement, certain·es élèves la subissent au quotidien ; ce qui explique leur sensibilité à fleur de peau sur le sujet.

Les stéréotypes sont très utiles, pour les dessins satiriques, car ils permettent aux spectateurices de reconnaître en un clin d’œil des lieux ou des types de personnes. On pense à la baguette de pain et au béret pour les Français, par exemple. Ici, Piet pointe du doigt les conséquences de la réforme des retraites, et des grèves d’éboueurs qu’elle engendre : des monticules de poubelles s’amoncellent dans les rues de Paris. C’est en même temps l’occasion de critiquer le montant des loyers parisiens…

    - Et parfois -rarement-, il m’arrive de rendre hommage, à travers mes dessins. Les deux femmes que vous voyez, là, sur ce bateau, elles existent réellement. Ce sont Carola Rackete et Pia Klemp ; elles sillonnent la Méditerranée pour sauver des migrant·es de la noyade, et elles ont été inculpées pour cela.

« Real EU top jobs » : les vrais ‟métiers de hautes fonctions” en Union Européenne. Ici ce ne sont pas des top jobs de présidentes, chancelières ou ministres ; ce sont des sauveteuses qui sont mises à l’honneur.
Ce dessin de Piet rend hommage aux capitaines Carola Rackete et Pia Klemp, deux héroïnes qui sauvent de nombreux/-euses migrant·es de la noyade. Il dénonce la criminalisation de leurs actes de bravoure.

   - Comme dans La pêche du jour ! se souvient un élève. Je ne l’avais pas cru, quand le pêcheur disait qu’on pouvait être considéré·e comme coupable, et envoyé·e en prison pour avoir sauvé la vie de personnes migrantes !
    - Oui : cet audiolivre est une fiction, mais il dit la vérité, approuve tristement la professeure.

Des migrant·es venu·es du Sahel ont trouvé refuge en Tunisie, mais le président Kaïs Saïed entend faire cesser les arrivées, voire reconduire aux frontières les immigré·es installé·es de longue date. Comme cette réaction existe également en France, de la part d’une partie de la population, Piet a représenté ce cercle vicieux sous la forme d’un « triangle de la haine » aussi cruel qu’absurde.

Le navire humanitaire Ocean Viking s’approche de deux Titanic qui coulent : des allégories de la France et de l’Italie, "état de droit″ et "démocratie”, reconnaissables à leurs fumées tricolores aux couleurs de leurs drapeaux. A bord de l’Ocean Viking, tous les sauveteurs semblent venir d’Afrique du Nord. 
    • On peut pas rester sans rien faire, dit l’un des secouristes.
    • Si tu les aimes tant, t’as qu’à les laisser revenir dans ton pays.
C’est le type de dialogue que l’on peut entendre en Europe ; Piet a inversé les points de vue, recourant ainsi à un procédé efficace pour engendrer des prises de conscience, comme le faisait Montesquieu dans ses Lettres persanes.

Parfois il faut avoir les références, pour comprendre un dessin satirique : l’humour est une complicité, une connivence.
Ici, Piet nous apprend que les répliques 
« - Ça va être tout noir !
    • Ta gueule ! » 
viennent du film RRRrrr !!!, d’Alain Chabat. Pierre Pauma détourne le sens de ces paroles pour se moquer de la théorie du « grand remplacement » médiatisée par Eric Zemmour.

   - Je fais partie de Cartooning for peace justement pour sensibiliser les jeunes aux injustices perpétrées un peu partout dans le monde, reprend Piet. Et je dessine aussi parce que c’est drôle. Passons à la pratique. Quelle personnalité voulez-vous que je caricature ?
    - « Macron ! » s’exclament les élèves de 2de4, le matin.
    - « Zemmour ! », demandent leurs homologues de 2de2 l’après-midi.
    - Macron, d’accord, acquiesce Piet. Comment est-il ?
    - Il a un grand nez !
    - Et la calvasse !
    - La calvitie, OK, répond Piet, concentré, en traçant les caractéristiques lancées par les jeunes.
    - Les dents écartées !
    - Les yeux rapprochés !
    - Les oreilles décollées !
    - Des rides !

Sur la demande des élèves de 2de4, Piet caricature le président, E. Macron. A droite, les manifestant·es brandissent des pancartes : « 49.3 », contre l’article utilisé de façon réitérée pour faire passer plusieurs lois impopulaires, et « 64 c’est non », contre le recul de l’âge de départ à la retraite.

Peu à peu la silhouette devient reconnaissable. Piet lui attribue une démarche déterminée et des sourcils froncés, à cause des manifestations qui s’accumulent et prennent de l’ampleur, contre la réforme des retraites.
    - Il faudrait du texte, demande Piet. Que dit-il ?
    - Il est énervé, et il est tout le temps en train de partir : en Espagne, en Afrique, en Chine, au Pays-Bas. On dirait qu’il fuit la France.
    - ‟Ssi z’est comme cha… Ze demande l’azile en Shine” écrit alors Piet sur sa caricature : le président zozote légèrement ; il a un cheveu sur la langue.
    - Ha ha ! Tout le monde rit de bon cœur ; Piet a touché juste !
    - A vous ! déclare-t-il.

La 2de2 a réclamé une caricature d’E. Zemmour. L’artiste imagine des élections où les électeurices n’auraient plus que deux possibilités, au deuxième tour : le polémiste ou E. Macron. Sur le dessin, le personnage prend un air à la fois doucereux et machiavélique, comme s’il se réjouissait du dilemme imposé aux votant·es.

Piet échange avec Elyas quelques idées de caricatures.

Au premier plan, Romain Amann, Victor et Elyas cherchent l’inspiration, avec Piet. A l’arrière, Romain Neubauer, Timm, Aaron et Margaux dessinent déjà.

A gauche : Anaïs et sa correspondante allemande Talea.
A droite : Lisa et Emma.
Au fond : le journaliste Jean-Charles Fischer, qui couvre la venue de Piet au lycée du Haut-Barr.

Hakim Thelb se concentre sur la caricature qu’il trace avec soin.

Timm et Margaux se lancent aisément dans le dessin : tracer des caricatures, c’est comme une seconde nature, pour ces artistes en herbe !


Noah Herrmann présente sa caricature de Vladimir Poutine, face à Volodymyr Zelensky : l’exagération est le fondement de cet art.

Les élèves s’installent autour des tables du CDI ; certain·es se mettent immédiatement à dessiner, d’autres cherchent l’inspiration dans les ouvrages de Cartoonning for peace, tandis qu’une poignée de jeunes se sentent totalement incapables de dessiner quoi que ce soit. Piet avait prévu cet écueil ; il montre un petit livre où les personnages sont présentés simplement sous forme de « bonshommes sticks », et cela fonctionne très bien ; il suffit d’imaginer une situation, et de les faire dialoguer, via des bulles de BD.

Noël, Lucas, Maël, Mathéo, Florentin, Jolan et Maxime dessinent des présidents autoritaires : Kim Jung Un pour la Corée du Nord, Xi Jinping en Chine, Poutine en Russie…

Les apprentis dessinateurs de presse jouent sur l’exagération des traits, et sur les références connues, comme le « Z » de l’armée russe.

Mme Vautier, professeure d’allemand, vient observer les caricatures dessinées par les élèves de 2de4.

L’expression graphique se délie peu à peu, les élèves expérimentent différents types de caricatures, et chacun·e cherche à deviner qui est représenté sur le dessin satirique de ses camarades.

Xi Jinping, président chinois, est caricaturé en Winnie the Pooh car, en 2013, un mème avait comparé le chef de l’état au célèbre ourson, et le dirigeant avait alors interdit les références à ce personnage.

Camille Klein, élève de 2de4, demande à Piet un dessin ; il réalise un autoportrait satirique : « Vendredi soir, c’est peinture à l’eau. » 

Emma caricature Piet. Joli coup de crayon !

    - Mais c’est moi ! constate Piet.
    - Tout juste ! répond Emma, une jeune écrivaine facétieuse, aussi douée pour le graphisme que pour l’écriture, en brandissant au journaliste sa caricature.
    - Pas mal, sourit-il, fair play.
De cette expérience multiforme, les élèves gardent en mémoire les innombrables naufrages de migrant·es narrés dans l’audiolivre La pêche du jour, de Fottorino ; les dessins de presse exposés grâce à l’association Cartooning for peace, le coup de crayon acéré de Piet, et sa patience, sa bienveillance envers chaque jeune.
Mille mercis à Piet, alias Pierre Pauma, pour sa venue et pour les ateliers réglés comme du papier à musique, et pourtant adaptables à toutes les variantes improvisées au gré des remarques des jeunes !
Un très grand merci également à Jean-Charles Fischer, qui a couvert l’événement pour les DNA.
Merci, bien sûr, à l’association Cartooning for peace, qui conçoit des expositions propres à éveiller les consciences sur des thématiques aussi fondamentales que la paix, les droits des femmes, l’égalité des genres, la liberté d’expression et le réchauffement climatique.
Et merci aux élèves des deux classes de 2de, pour leur ouverture d’esprit, toujours croissante !


Edwige Lanères

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Article de Jean-Charles Fischer dans les DNA :

Saverne / Education

Un débat sur la liberté d'expression, et des dessins pour la paix


Pierre Pauma, journaliste et dessinateur de presse pour de nombreux journaux et magazines, plus connu sous le pseudo de " Piet", mène le combat pour le respect des cultures et de la liberté d’expression. Vendredi 14 avril, l’artiste a rencontré les élèves de la classe de seconde du lycée du Haut - Barr à Saverne et leur enseignante Edwige Lanères professeure de français, pour un débat qui souvent dérange et force la réaction : la presse caricaturale et satirique.
Grâce au partenariat avec le lycée, les élèves ont non seulement eu l’occasion de rencontrer Piet, mais ont également pu profiter de l’exposition " Tous migrants ". A l’initiative de Edwige Lanères, cette exposition itinérante " Cartonning for peace ", fondée par Plantu et Kofi Annan, Prix Nobel de la Paix, rassemble 165 dessinateurs issus de 58 pays. Destinée aux élèves du lycée, cette exposition a fait une halte dans le hall d’entrée de l’établissement, et traite de la liberté d’expression, des droits de l’Homme, du respect mutuel entre les populations de différentes cultures et croyances, du processus d’intégration ainsi que les obstacles rencontrés. Au fil des douze panneaux thématiques, les coups de crayons des dessinateurs du monde entier, dont fait partie Piet, cassent les préjugés et dénoncent le rejet de l’étranger. De quoi débattre de bien des thèmes lors des prochains cours, en histoire - géographie comme en français ou en philosophie afin d’avoir plus d’empathie.
S’en est suivi un débat avec la trentaine d’élèves au CDI, où Piet a pu échanger librement sur différents thèmes, sur la liberté d''expression, mais aussi sur les origines de sa vocation et sur la presse satirique française qui manie l’ironie et l’humour noir au détriment des politiciens. Illustrant sa vision de la liberté d’expression, Piet définit de manière générale que toute personne a le droit de pouvoir exprimer ses opinions avec bien sûr des limites à ne pas franchir. " Faire réagir, mais sans blesser les individus personnellement. Je suis payé pour dessiner, faire râler les gens, je dénonce sur un ton critique et la moquerie. Pour cela il faut savoir où s’arrête la critique et où commence la menace", affirme l’artiste. Les échanges ont été nombreux sur des sujets soutenus, mais aussi sur les coups de crayons talentueux et des plus expressifs de Piet pour attirer le regard de tous. Les élèves ont demandé à Piet de dessiner une caricature du président Macron. " Le dessin c’est quelque chose de populaire, contrairement à un texte qui peut être très élaboré. Le dessin est compris tout de suite, l’image porte autant à l’émotion qu’à la raison ", avoue Pierre Pauma.