Lycée du Haut-Barr

- 67700 Saverne -

...sur les vanités du musée des Beaux-Arts, face aux lycéens du Haut-Barr.

En ce bel après-midi du 4 octobre 2019, les élèves de 2de4 partent à Strasbourg avec leur professeure de français, Edwige Lanères, qui leur a concocté un dossier sur les vanités, ces tableaux de la Renaissance et de l’âge baroque représentant les plaisirs de la vie, les cinq sens, mais aussi la décrépitude, la précarité de l’existence, le passage du temps, et la mort. Mmes Gworek et Gourmelon, respectivement professeures d’Histoire-géographie et documentaliste, encadrent également l’expédition.

La devise « carpe diem », apprise avec les poèmes de Ronsard, vibre manifestement dans les cœurs de ces jeunes lycéen·nes qui cheminent en riant de la Petite France jusqu’au palais des Rohan, tout près de la cathédrale de Strasbourg. Heureusement, les élèves savent se montrer calmes et respectueux au sein du musée. Ils et elles se scindent en deux groupes. Le premier part avec Mme Lanères, observer d’abord des natures mortes qui présentent quelques traits communs avec les vanités, puis les fameux tableaux de crânes, de sabliers, de parchemins, de fruits et de fleurs à peine fanées, symboles de vie et de mort. Pendant ce temps, guidés par Mmes Gourmelon et Gworek, les autres élèves commencent par la visite « libre », avec quelques consignes.
    - Avez-vous remarqué comme les toiles sont resserrées, dans cette petite salle ? demande Mme Lanères. C’est pour rappeler les expositions de la fin du XIXème siècle. A cette époque, on ne laissait pas les toiles « respirer » comme aujourd’hui ; on couvrait les murs de tableaux.
    - Et le plafond vitré, c’est pour laisser passer la lumière du soleil ?
    - Presque : cette verrière donne en effet l’impression de nous offrir la lumière du jour, mais il s’agit en réalité d’une lumière artificielle. Elle diffuse sur les toiles une clarté assez douce, qui limite un peu le problème des reflets sur le vernis.
 
Plus loin, les jeunes reconnaissent un instrument évoqué en classe, à propos de Louise Labé.
    - Comment s’appelle cette drôle de guitare, déjà ? demande Mélanie.
    - C’est un luth, répond Lucas.
    - Sur le tableau, c’est Louise Labé, qui joue ?
    - Non, c’est une allégorie.
    - C’est quoi, une allégorie ? s’enquiert Auxane.
    - Demande à la prof, suggère Mattéo.
    - Pas la peine, je sais, affirme Raphaël : c’est une image qui représente une idée, une abstraction. Elle, c’est l’allégorie de la musique.
Margot et Romane puisent sur ces toiles l’inspiration pour leurs propres vanités, qu’elles présenteront bientôt en classe. Tous les élèves composeront, en trinômes, des photographies de vanités qui seront prochainement exposées au lycée.
Antoine s’attarde sur un objet qui luit, sur le tableau de Simon Renard de Saint André : montre ? Boussole ? Chacun donne son avis, tandis que Quentin et Jérémy dénombrent les sens de la perception, sur la superbe toile de Jacques Linard ; les pêches pour le goût et le toucher, le vase doré et les fleurs pour réjouir la vue et l’odorat, la partition pour susciter l’ouïe…
Maxence, lui, affecte de ne s’intéresser qu’aux sciences. Délaissant avec un souverain dédain les memento mori, il se passionne pour les planches d’insectes et les animaux empaillés !
    - Madame, demande Burak, c’est vrai qu’en Hollande, les tulipes se sont vendues à des sommes énormes, au XVIIème siècle ?
    - Oui, intervient Quentin G., d’ailleurs le cours s’est effondré d’un coup, ce qui a ruiné des commerçants.
    - Vous comprenez pourquoi cette fleur est si souvent représentée sur les vanités, pour symboliser la fragilité de toutes choses, ajoute la professeure.
Mais où est passée Caleya ? Elle est restée dans la salle précédente, comme fascinée devant le crâne grimaçant peint par Cornelius Norbertus Gysbrechts. Avec Hugo et Céline, elle cherche à percer le secret de cette œuvre philosophique. Les interprétations vont bon train ; les crayons aussi, quand il s’agit de reproduire un sablier, ou de décrypter le sens caché d’un objet symbolique.
    - Mais l’heure tourne, jeunes gens. Allons saluer Socrate arrosé par son épouse, Jésus debout sur un crâne, le fier Richelieu et la belle Strasbourgeoise, afin de céder la place au deuxième groupe, qui termine sa visite « libre » avec les professeures d’histoire et de documentation.
Cette seconde étape consiste à observer les collections du musée, et à repérer sur les toiles d’autres sens du mot vanité (prétention, soif de gloire, étalage des richesses). Il s’agit également de photographier cinq œuvres au choix, celles qui auront marqué les élèves, que ce soit pour leur sujet, pour leur traitement, pour un regard intense, une expression frappante, une tonalité comique ou tragique…
Enfin les jeunes participent à un atelier d’écriture qui les anime vivement. Assis devant la vaste Garde civique de Saint Adrien, une toile de dix-huit mètres de long sur cinq mètres de haut, peinte en 1612 par Cornelis Engensz, les élèves choisissent secrètement l’un des personnages. Ils rédigent ses pensées ou ses paroles, en y incluant des indices permettant aux auditeurs de deviner de quel garde il s’agit. Après quelques minutes, chaque lycéen·ne lit sa prose, et tous les camarades tâchent de trouver sur le fameux tableau quel est le locuteur de ces propos tantôt solennels, tantôt grivois, jaloux, contestataires ou facétieux. L’exercice plaît tant aux apprenti·es écrivain·es  que leur professeure a bien du mal à faire cesser le jeu pour rejoindre promptement l’autre groupe dans la dernière salle.
Quelle belle expérience !
Bravo à tous les élèves pour leur tenue exemplaire et leur participation active !
Carpe diem !
Edwige Lanères
NB : Le dossier préparé pour cette sortie est visible en pièce jointe.