Lycée du Haut-Barr

- 67700 Saverne -

 
La 2de6 arpente le musée des Beaux-Arts de Strasbourg, le 2 octobre 2020, accompagnée de Mme Lanères, professeure de français, et de Mme Gourmelon, documentaliste, en quête des tableaux de vanités.
 
Déposée au parc de l’Etoile, la joyeuse troupe longe le quai des Bateliers, le temps d’admirer la face Sud du Palais des Rohan. Un coup de chapeau à la cathédrale, un coup de main au camarade en béquilles, et nous voici sur les marches du perron.
 
 
Julia, Candice, Théo, Matthieu, Mélanie, Nathan, Timothée, Clément longent l’Ill en direction du musée des Beaux-Arts.
 
 
Brève halte sur le pont Sainte Madeleine…
 
 
    … puis sur les marches du Palais des Rohan, qui abrite trois musées : les arts   décoratifs, l’archéologie, et les Beaux-arts.
 
 
            Distribution, par Nicolas, du dossier qui guidera l’observation des élèves.
Pour accéder à ce dossier, cliquez ici : 
 
 
 
Nicolas distribue les dossiers établis par la professeure : chaque élève y trouvera des explications historiques, des indices à repérer sur les tableaux, et quelques jeux sur les vanités. Mais qu’est-ce qu’une vanité ? Et pourquoi nomme-t-on ainsi ces allégories de la vacuité existentielle ? C’est ce que nous découvrons au fil des toiles.
 
 
Socrate, ses deux épouses et le jeune Alcibiade, César van Everdingen d’Alkmaar, XVIIème siècle. Sur la toile du peintre hollandais, le père de la philosophie occidentale demeure impassible, quoique arrosé par son épouse Xanthippe !
 
Le parcours, désormais fléché en raison du protocole sanitaire, nous fait passer devant une drôle de scène : Socrate, le vénérable philosophe de l’Antiquité, reçoit sur le crâne une belle rasade d’eau, versée par l’une de ses épouses. Nullement perturbé par les charmes des jeunes femmes, il reste en extase devant son disciple, Alcibiade, qu’il admire en se reposant sur une pierre où nous reconnaissons, en grec, la célèbre devise : « γνῶθι σεαυτόν », « Gnothi seauton », qui signifie : « Connais-toi toi-même », autrement dit : fuis l’hybris, la démesure, souviens-toi de ta condition de simple mortel. Voilà une excellente introduction picturale au thème qui nous intéresse ! 
 
 
Dans une salle de petites dimensions, éclairée par une verrière, maints mets appétissants luisent sous le vernis des tableaux. Légumes colorés, poissons, pâtés en croute, feuilletés, soufflés au fromage et autres charcuteries invitent les spectateurs tantôt à cuisiner, tantôt à déguster. Aux fumets suggérés, répondent les sensations olfactives plus délicates des fleurs multicolores. 
 
Plus loin, une musicienne jouant du luth rappelle Louise Labé, poétesse de l’Ecole lyonnaise rencontrée par les élèves en cours de littérature. Tous les sens sont sollicités, dans une troublante synesthésie.
 
 
Eliott et Nicolas observent le luth : avec cinq doubles cordes et trois cordes simples, cet instrument doit avoir une belle sonorité !
 
La peinture, en outre, a le pouvoir d’évoquer d’autres arts : chant, sculpture, poésie, et même les sciences, à travers la représentation soignée des compas, des astrolabes, des montres, des boussoles, des cartes de géographie. Ainsi notre réflexion est interpellée, au même titre que nos sens.
 
 
Jules et Eliott semblent écouter le violon baroque, le tambourin, la flûte, dont les tonalités picturales ressortent vivement, grâce à la technique de clair-obscur inspirée du Caravage. Sur cette scène de genre de 1626, Valentin de Boulogne peint avec maestria un moment de repos offert au soldat. Si ce combattant en armure risque sa vie sur les champs de bataille, au moins aura-t-il joui de la musique et des mets partagés avec les convives.
 
 
Amoureuse de la nature, la documentaliste Isabelle Gourmelon s’intéresse aux animaux empaillés, ou « naturalisés » qui traduisent l’intérêt des biologistes du XVIIème pour la zoologie. Ces vitrines présentent un écho saisissant avec les tableaux de natures mortes.
 
 
Bouquet de fleurs, Ian I Brueghel (1568-1625),
et Couronne et coupe de fleurs, Ian II Brueghel (1601-1678).
 
Mais pourquoi cette fleur se fane-t-elle ? Pourquoi les peintres ont-ils représenté ces taches et ces insectes, sur cette superbe coupe de fruits ? Et pourquoi ce sablier ? Pourquoi ce crâne ? 
 
 
Betül, Anthony et leur professeure, Edwige Lanères, s’interrogent sur les symboles représentés sur la toile de Jacques Linard, Les cinq sens, et sur leur portée philosophique.
 
 
Jules, Floriane, Candice et Romane décryptent les images, sur cette Vanité peinte par Simon Renard de Saint André en 1660 : la partition d’un chant latin, le violon à la corde cassée, les roses coupées, la couronne de lauriers desséchée, les rubans froissés, la montre arrêtée, le sablier dont le sable a glissé depuis longtemps, la chandelle consumée, le crâne aux dents déchaussées… Tout rappelle la vanité des gloires, des plaisirs, et la fugacité de l’existence.
 
« Vanitas, vanitatum, et omnia vanitas » lit-on dans l’Ecclésiaste. Le message est partout, autour de nous, dans la salle des vanités : « Vanités des vanités, et tout est vanité ». La vie est une bulle de savon. Nous apprenons, nous nous perfectionnons, nous jouissons des plaisirs de la vie, nous aimons, goûtons, savourons… et un jour tout s’arrête. La Parque coupe le fil de la vie.
 
 
Scène allégorique de Laurent de La Hyre, 1625. Chronos, dieu du temps, coiffé d’un sablier ailé et armé d’une faux, précède un groupe de jeunes femmes translucides, elles-mêmes suivies par un squelette pointant une lance : l’allégorie de la mort.
 
Paradoxalement, ce message de « memento mori » - « Souviens-toi que tu vas mourir » - nous invite à la vie. Dans nos esprits résonnent les paroles du poème de Ronsard, tantôt récité, tantôt chanté par les élèves en classe : « Mignonne allons voir si la rose ». Ce sonnet n’était-il pas, lui-aussi, un memento mori ?
 
Puisque nous mourrons, cueillons le jour, n’attendons à demain : « Carpe diem ».
Edwige Lanères