Lycée du Haut-Barr

- 67700 Saverne -

 
Le lundi 6 décembre 2021, la Compagnie Antheridie a donné trois représentations de son spectacle contre le harcèlement. 
 
Cinq classes ont ainsi pu écouter les artistes, et dialoguer avec eux sur ce phénomène si fréquent et si douloureux :
- la 2de2, encadrée par Cécile Dernelle et Maxime Devingt ;
- la 2de3 et la 2de pro MIC-PC, avec Laetitia Didier, Edwige Lanères et Françoise Neff ;
- la 2de4 et la 2de proMIC, avec Vincent Hausberger, Edwige Lanères et Mathieu Werhlé.
 
Gérald chante ses compositions ; Lucile joue tous les personnages.
 
Lucile Hannesse est comédienne, danseuse, chanteuse et poétesse.
Sur scène, pour ce spectacle, elle devient « la patate », la « p’tite gentille », le clown, la victime qui se scarifie, mais aussi le témoin, le harceleur, la harceleuse.
 
 
Chaque jour la jeune fille subit les moqueries blessantes de ses camarades : « Patate ! »
 
A ses côtés, Gérald Pinçon, guitariste, chanteur, siffleur, compositeur, entonne des couplets sur le malaise des victimes de harcèlement. Il conte des situations mi cocasses-mi pathétiques. On oscille entre le rire et la compassion.
 
 
Gérald Pinçon chante l’adolescence : « Je ne pourrai jamais leur dire ce que certains me font subir… »
 
 
Il arrive que la victime finisse par perdre toute estime de soi, suite au harcèlement qu’elle subit quotidiennement.
 
D’autres personnages s’invitent dans l’histoire : des ombres colorées, projetées sur un écran, deviennent des camarades, des amis, ou des suiveurs, des suiveuses qui admirent le harceleur et l’encouragent, par leurs rires, à poursuivre ses méfaits.
 
 
Des effets d’ombres projetées multiplient les personnages.
 
« Je ne sais plus quand c’est arrivé. Ça s’est fait tout doucement. Quelques blagues, qui ont fait rire. J’ai ri aussi. Quelques mots méchants qui ont fait sourire. J’ai souri aussi. Un surnom qui fait mal. J’ai baissé la tête. Ils étaient tous contre moi. »
Par moments Lucile redevient elle-même. Elle ôte sa capuche, redresse son dos et s’adresse aux élèves, brutalement sortis de l’illusion théâtrale.
« Qui suis-je ? Quel type de personnage ai-je incarné ? »
    - Un racketteur.
    - Un harceleur.
    - J’ai l’air bien, heureux ?
    - Non : ce harceleur a l’air jaloux de ceux qu’il harcèle
    - Mais les personnes harcelées peuvent aussi avoir ce profil : une famille bancale, une faille, une fragilité.
 
 
Les harceleurs peuvent être d’anciens harcelés.
 
« C’est vrai, reprend l’actrice : il arrive que les harceleurs soient d’anciens harcelés. Ils rejettent sur d’autres l’agressivité dont ils ont été victimes. »
 
 
Les métamorphoses de l’actrice.  
 
Les changements de costumes deviennent des interludes musicaux ; Gérald entonne ses compositions, et Lucile revient, vêtue d’une robe à fleurs : « La p’tite gentille, celle qui travaille bien, discrètement, mais qui donne ses devoirs, et qui laisse les tricheurs jeter un œil sur ses copies. Celle qui voudrait être aimée, ou au moins appréciée. Oui j’essaie d’être gentille. Trop gentille. Car je suis celle qui a faim et qui ne dit rien ; celle qui donne son goûter dès qu’on le lui demande. Dans mon cœur je ne suis pas si gentille. Je ferme les poings quand je détourne les yeux. Ma bouche retient des insultes ! La nuit je rêve de vengeance… »
 
 
« En vrai je ne suis pas si gentille ! La nuit je rêve que je le … »
 
Bien des élèves se reconnaissent dans l’un ou l’autre des personnages incarnés par l’actrice, et pour cause : c’est à partir des témoignages d’adolescent·es que ces textes ont été écrits ; ces tirades sont le fruit d’une collaboration active avec les jeunes, qui ont raconté leurs expériences et décrit leurs ressentis.
« Je ne sais plus, reprend la comédienne, cette fois en jean, pull ample et poignet bandé. Je suis un peu perdue. Je ne sais plus où je vais, qui je suis, en qui je peux faire confiance. Je ne m’aime pas, ça je le sais. Je traîne mon corps comme un boulet. J’aimerais tant m’effacer, disparaître. »
La scarifiée, c’est aussi une élève, et une autre, et encore une. Elles tracent leurs souffrances sur leurs poignets, leurs cuisses. 
 
 
Lucile sort du rôle de la jeune fille qui se scarifie, pour dialoguer avec les élèves.
 
Après chaque saynète, la parole se libère, chez les jeunes spectateurs et spectatrices. Rayan analyse avec pertinence les situations. Alessio précise les souffrances subies par les personnes harcelées. Margaux ajoute que le harcèlement sur les réseaux est encore pire, car il n’a pas de fin : des messages dégradants peuvent arriver à tout moment, même en pleine nuit, et détruire à petit feu la vie de celles et ceux qui en sont les cibles.
 
 
Comment agir quand on est victime ou témoin de harcèlement ?
 
Au lycée, les jeunes victimes de harcèlement comprennent qu’ils et elles peuvent se tourner vers un·e adulte, pour en parler. L’association THEMIS peut également les aider : https://www.themis.asso.fr/
Plusieurs classes de 2de participent à un concours de vidéos et d’affiches contre le harcèlement. En parallèle, la prévention contre tous les types de discrimination passe également par les cours eux-mêmes, et par l’attitude de chaque personne, face aux paroles ou attitudes discriminantes.
 
 
 
Les discriminations sont interdites par la loi.
Voir l’article 225.1 du code pénal.
 
Espérons que ces actions porteront leurs fruits, pour que ces jeunes puissent étudier et vivre dans un climat serein.
Merci beaucoup au musicien-compositeur Gérald Pinçon, à la comédienne Lucile Hannesse, merci aux élèves pour leur implication active, et merci à toute l’équipe de professeur·es, gestionnaires, secrétaires, direction et agent·es de maintenance, qui œuvrent en faveur d’un meilleur vivre-ensemble.
Edwige Lanères