Lycée du Haut-Barr

- 67700 Saverne -

VISITE DE L'EXPOSITION

"Saverne 1940-1944 : de l'annexion à la libération" par la classe Littérature et société

Le jeudi 18 décembre 2014, les élèves de Littérature et Société (2de1 et 2de2), avaient rendez-vous devant le château de Saverne, pour visiter l’exposition sur la libération de Saverne.

La conservatrice du musée, Mme Gabrielle Feyler, nous a ouvert les portes, et l’historien Pierre Vonau nous a conté l’annexion de la ville par les soldats Allemands, plusieurs mois après le début de la IIème guerre mondiale. Il nous a rapporté l’expulsion des Alsaciens « difficilement assimilables » vers la « France de l’intérieur », et les mesures mises en place pour que les Savernois « re »deviennent rapidement allemands : interdiction de parler français ; germanisation des noms de lieux sur les panneaux ; obligation, pour les jeunes, d’adhérer à la Hitlerjugend ou à la Bund Deutscher Mädel, etc. A l’entrée de l’exposition, une civière et un mannequin costumé en infirmière représentent la « France malade » de 1939-1940, pendant la Guerre froide. Nous voyons un motard allemand dans son équipement d’origine, des uniformes français, des caricatures de la ligne Maginot...

La salle suivante est plus dérangeante : la croix gammée et l’aigle du IIIème Reich se répandent partout, sur des drapeaux, sur les brassards des uniformes nazis, et jusque sur les objets du quotidien: les bulletins scolaires, les passeports, les boules de noël. Monsieur Vonau souligne bien cet aspect gênant : un tel étalage n’a pas pour but de faire l’apologie de l’idéologie nazie, bien au contraire, mais il est vrai que plusieurs personnes ayant connu cette époque ont été choquées par l’aspect très démonstratif de ces objets. On ressent un certain malaise. Des élèves demandent si ce sont vraiment les uniformes de l’époque. Oui, tout est authentique. Un morceau d’Histoire apparaît sous nos yeux. Aux murs, des photographies de jeunes Savernoises défilant sous le drapeau nazi. Des dessins représentant un coiffeur de l’époque, pronazi. Et plus loin, les photos des résistants, membres de la FFI : Francis Wolff, Théo Gerhards...

La professeure a préparé un questionnaire ; il faut scruter les affiches de propagande, les images antisémites, les paquets de cigarettes américains, les appareils de communication de 1940, lire les panneaux explicatifs : toutes les réponses s’y trouvent. Au fil de l’exposition, nous acquérons à la fois une vision globale de l’époque, et des aperçus très précis, voire anecdotiques. Ces derniers seront précieusement recueillis en vue de nos saynètes. Car dans « Littérature et Société », il y a aussi « littérature ». Nous rédigeons des petites scènes de théâtre dont l’action se déroule au moment de la libération de Saverne, en 1944. Certes, ce sont des fictions, mais elles s’insèrent dans une réalité bien concrète, et pour cela, nous nous inspirons des faits historiques. A la veille de la libération, par exemple, les Savernois valides étaient obligés de participer aux travaux de fortification, dans le col de Saverne, et vers Phalsbourg, afin de creuser des tranchées anti-char ; ceux qui refusaient étaient envoyés au camp de redressement de Schirmeck. Un garçon épileptique fut pendu parce qu’il était inapte au travail !  Les actions des résistants forcent l’admiration. Ainsi, un chirurgien opéra de l’appendicite les hommes incorporés de force, et il les déclara non mobilisables, afin qu’ils ne soient pas envoyés en Allemagne. Il eut même l’audace de cacher plusieurs de ces réfractaires dans l’hôpital. De son côté, le chef de la gare prit pour prétexte les fréquentes attaques aériennes, pour couper l’électricité et plonger ainsi la gare dans le noir, à plusieurs reprises. Ainsi, presque tous les derniers Savernois recrutés de force purent sauter du train à contre-voie et rentrer chez eux, ou se cacher chez des parents,  des amis, en attendant la libération.

Tout au bout de l’exposition, nous avons la surprise de reconnaître la mairie de Saverne, pavoisée aux couleurs de l’Union soviétique, de l’Angleterre, de l’Angleterre et des Etats Unis : les pays alliés.

Comme nous l’explique l’historien Pierre Vonau, les Américains ont largement contribué à la libération du territoire. Dans le souci de conserver une image patriotique de cet événement, le général de Gaulle, chef du gouvernement provisoire, a tenu à ce que les troupes françaises, menées par Leclerc, entrent les premières à Paris et en Alsace, mais nous savons qu’elles étaient armées et financées par les Américains ; les troupes US suivaient de près les divisions françaises. Il en va de même à Saverne. Dès lors, pourquoi les commémorations de la Libération rendent-elles uniquement hommage à la 2èDB, sans rappeler le rôle décisif des troupes américaines ?

Les connaissances acquises au cours de cette visite enrichissent notre connaissance de l’Histoire locale et nationale, et surtout, elles suscitent notre curiosité. Qu’en est-il, aujourd’hui, des tensions engendrées par les départs des expulsés, le ralliement de certaines familles savernoises au IIIème Reich, et la résistance sourde ou active des autres ?

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