Lycée du Haut-Barr

- 67700 Saverne -

Photo 1 : Portrait de Louise Weiss © sérigraphie, les Chriti.Anne.
 
Une journée d’étude sur Louise Weiss pour creuser des sillons humanistes… Quand la culture européenne devient un chemin partagé.
Le vendredi 17/11, lors de la journée mondiale de la philosophie, les élèves de 1HLP et de THLP ont pu bénéficier en matinée au Château des Rohan d’un formidable parcours à travers différents ateliers créatifs afin de mieux connaître les engagements de « la Grand-mère de l’Europe ». Lors de cette matinée, 150 élèves de tous les établissements savernois (collège et lycée) ont pu bénéficier d’une offre culturelle variée avec des ateliers de peinture, d’écriture, de philosophie, de découverte des collections Louise Weiss et des institutions européennes. Enfin, dans l’après-midi, 200 élèves du lycée du Haut-Barr, à savoir toutes les classes de terminale (générales, techniques et pro) ainsi que les 1HLP, ont rejoint les 130 élèves des autres lycées savernois présents, pour assister au spectacle « Nous l’Europe, banquet des peuples » de Laurent Gaudé, interprété par la compagnie la Strada et joué sur la scène de l’Espace Rohan. Autant de moments forts et stimulants, où les élèves ont pu rencontrer de nombreux intervenants présentant une richesse de regards, afin de promouvoir, à l’instar de Louise Weiss, l’idée européenne pour faire fleurir la paix dans les consciences.

    I. Ateliers lors de la matinée du 17/11.

Des ateliers pour se mettre en chemin…

 
Une matinée dans les espaces du Château des Rohan : 150 jeunes répartis en cinq groupes ont bénéficié d’un parcours leur permettant de découvrir respectivement trois ateliers d’une heure chacun sur les cinq proposés, pour réfléchir avec Louise Weiss aux fondements de notre culture européenne. Afin de forger des consciences humanistes, il est des chemins nécessaires à emprunter, qui sont faits de beauté par la fréquentation des arts et du matrimoine. Ce sont des chemins de sensibilité à l’écriture, à la peinture, à la poésie. Des chemins qui sont fait d’idées philosophiques, lumineuses et lucides, pour protéger la paix en ne méconnaissant pas la guerre, car comme le dit Louise Weiss : « il faut faire la guerre à la guerre », autrement dit, être un pacifiste enclin à désarmer mais pouvant entrer en résistance parfois armée. Autant de voies et de voix portées par des intervenants engagés, l’écrivaine Alessandra Blache, les peintres Marie-Jo Daloz et Céline Widemann, la directrice du musée du château des Rohan Emmanuelle Thomann, des représentantes du Parlement européen Julie Verney et Marie Lanno, l’enseignante de philosophie Claire Le Van avec trois représentants de la Société des membres de la Légion d’honneur, Marie-Laure Jundt, Charles Haas et Roland Sinteff, ainsi qu’une représentante du Rotary Club, Nelly Tsokanis. Ces chemins, les élèves des trois lycées et des deux collèges savernois les ont parcourus en arpentant les différentes salles du Château des Rohan en cette matinée des Journées d’études sur Louise Weiss, 2ème édition, destinée aux scolaires. Chemins d’avenir et d’espérance, chemins d’éveils et d’aurores.
 
Photo 2 : La salle Marie-Antoinette est comble lors du temps d’accueil en amont des ateliers.
 
Des discours d’accueil chaleureux…
 
Photo 3 : Dans son mot d’accueil chaleureux Denis Woelffel, directeur des Affaires culturelles, a insisté sur la nécessité de transmettre aux jeunes les valeurs de paix, d’Europe et d’égalité des genres, portées par Louise Weiss et a évoqué la richesse du programme des journées d’étude Louise Weiss se déroulant cette année sur quatre jours.
 
Photo 4 : Lors de son discours introductif, le maire de Saverne, Stéphane Leyenberger, ravi de constater que tous les établissements savernois (collèges et lycées) sont représentés lors de cette matinée, a souligné l’importance que revêt pour la Ville cette figure de paix, et la volonté de la municipalité de valoriser l’héritage réel et symbolique de l’Européenne Louise Weiss. 
 
Photo 5 : Emmanuelle Thomann, directrice du musée, et Claire Le Van, chargée de mission pour la promotion de la vie et de l’œuvre de Louise Weiss, complices pour l’organisation de cette matinée construite autour de cinq ateliers créatifs, chacune en animant un, Emmanuelle Thomann, une activité de découverte des collections Louise Weiss grâce au « mini-musée », et Claire Le Van, un atelier philo sur « Paix et Guerres », suivi d’un débat argumentatif dans l’esprit de Louise Weiss (pour ou contre la paix à tout prix) sous forme d’une joute oratoire.
 
Photo 6 :  Les deux artistes, Céline Widemann et Marie-Jo Dalloz, ont expliqué leur travail respectif pour produire avec les élèves des cartes postales européennes, la première à partir des pensées sur la paix de Louise Weiss, la seconde à partir des drapeaux européens et de fleurs symboliques de paix. 
 
Photo 7 : Alessandra Blache, autrice et animatrice d’ateliers écriture, a présenté son atelier, inspiré des idées et des textes de Louise Weiss, pour permette aux élèves d’éveiller leur inventivité littéraire en pratiquant notamment des acrostiches.
 
Photo 8 : Julie Verney, administratrice en charge de l’événementiel et de la communication du parlement européen, a présenté l’action qu’elle propose aux élèves avec sa collègue Marie Lanno, afin de leur permettre de mieux connaître les institutions européennes et de parvenir à discerner les fakes news des nouvelles fiables.
 
Photo 9 : La salle Marie-Antoine avec 150 élèves provenant des collèges et lycées savernois.

 

Les 1HLP : ateliers 

 
 
Photo 10 : Les 1HLP au premier plan, entourés par, de G. à D. au fond : Roland Sinteff, Nelly Tsokanis, Marie-Jo Daloz, Claire Le Van, Marie-Laure Jundt et Charles Haas.
 

              1. ATELIER PHILO

PRESENTATION DE L’ALLEGORIE DE LA PAIX ET DE LA GUERRE DE P. P. RUBENS

 
Photo 11 : Claire Le Van explique aux élèves le déroulé de l’atelier philo.
 
Photo 12 : Il s’agit tout d’abord d’analyser « L’Allégorie de la paix et de la guerre » du peintre-diplomate Pierre-Paul Rubens (vers 1630), en décryptant les symboles employés.
 
Photo 13 : Explications : une allégorie, c’est une idée représentée par une image. Dans cette œuvre, l’Allégorie de la Paix alète un nourrisson et est entourée d’enfants, elle offre un avenir à la jeunesse. Des symboles de prospérité et de richesse tant matérielle (corne d’abondance, panier empli d’or et de bijoux) que culturelle (les arts sont figurés par une musicienne) l’entourent. Le tigre du premier plan est dompté, sa sauvagerie, neutralisée. Représentée dans la lumière, la Paix est protégée par Athéna, déesse de la sagesse essayant de chasser Mars, dieu de la guerre, qui n’apporte que colère et désolations ainsi qu’en atteste l’Erinye derrière lui et le fond sombre dans lequel il évolue. Le message est clair : il convient de promouvoir la Paix, source de nombreux bienfaits.
 
Photo 14 : L’enseignante de philosophie interroge les élèves qui parviennent progressivement à comprendre le message transmis par le peintre.
 
Photo 15 : Pour montrer le lien entre Paix et prospérité, une sculpture antique de la déesse Eïréné, la paix, est analysée, elle tient dans ses bras la divinité Ploutos, la richesse.
 

CONSTRUCTION DE L’ARGUMENTATION EN DEUX GROUPES :

 
Après avoir analysé les messages délivrés par la toile et la sculpture, le groupe d’élèves est scindé en deux sous-groupes pour trouver des arguments favorables à deux positions opposées.
 
*Les défenseurs de « la paix à tout prix » (car la guerre est parfois nécessaire) vont préparer leurs arguments avec Roland Sinteff, ancien casque bleu et membre de la SMLH, et avec Claire Le Van.
 
 
Photo 16 : Roland Sinteff fait part de son expérience du terrain lors de la guerre dans les Balkans : « contre Milosevic, il n’y a pas le choix, il faut se défendre en mobilisant la guerre armée », pendant que Claire Le Van liste les arguments sur le paperboard.
 
Photo 17 : Roland Sinteff explique qu’il y a toujours des dommages collatéraux lors d’une guerre donc qu’elle doit être un ultime recours, mais que parfois il est nécessaire de mener une « guerre juste » en respectant le droit international (convention de Genève – jus in bello). 
 
Photo 18 : Les arguments des partisans de « la paix, mais pas à tout prix » sont : *différer la guerre parfois est pire que de la mener rapidement (ex. Accords de Munich en 1938 où l’attentisme a été funeste) ; *face à des dictateurs féroces, il n’y a pas le choix, il faut se battre, entrer en résistance (ex. De Gaulle à Londres) ; *si tu veux la paix, prépare la guerre ; *pas d’angélisme en politique, sinon on risque d’être dévoré par plus puissant que soi ; *la non-violence de Gandhi est belle, mais est un fait unique dans l’histoire et relève d’un contexte spécifique (hindouisme face à l’Angleterre qui est une démocratie) ; *faire la guerre pour protéger les valeurs républicaines et démocratique est parfois nécessaire ; *la guerre doit être la plus brève et la plus efficace possible ; *comme une opération chirurgicale, il s’agit d’enlever une tumeur dangereuse, à savoir une agression mettant en péril la démocratie, pour retrouver la santé, en l’occurrence la liberté et le respect des droits humains… 
 
*Les défenseurs de « la paix à tout prix » travaillent leurs arguments avec Charles Haas et Marie-Laure Jundt, deux acteurs de paix de la SMLH 67, comité d’Alsace du Nord.
 
Photo 19 : Tous conviennent que la paix est désirable, car elle permet une vie heureuse.
 
Photo 20 : Entrer en guerre conduit toujours à des fléaux (destructions, pertes humaines, etc.), ce qui génère des traumatismes sur plusieurs générations.
 
Photo 21 : Les élèves, avec Charles Haas, Marie-Laure Jundt et l’enseignante d’économie-gestion Catherine Bizot, mutualisent leurs idées pour défendre inconditionnellement la paix. 
 
Photo 22 : Les arguments notés sur leur paperboard sont nombreux : *la paix garantit le vivre-ensemble et l’épanouissement, la démocratie et les valeurs républicaines (liberté, égalité, fraternité) ; *tout est détruit pendant la guerre, cela mène au chaos, au droit du plus fort et une guerre de position comme celle des tranchées lors de la Première Guerre mondiale est absurde ; *il faut toujours privilégier la médiation et la voie diplomatique ; *la guerre est très couteuse ; *la non-violence est préférable et peut apporter de réelles solutions ; *la guerre ne résout rien et engendre un cycle de la violence avec un esprit de vengeance ; *les instances internationales sont régulatrices et peuvent grâce à des lois éviter le recours à la violence, etc.
 
*Une mise en scène est ensuite proposée aux élèves par l’enseignante de philosophie : les deux groupes se retrouvent fictivement à l’ONU et sont face à un événementiel inédit, il s’agit de trancher « pour ou contre la guerre face à une situation périlleuse ». 
- « Les bleus » (qui portent l’écharpe bleue d’orateur) sont prêts à défendre la paix de manière armée.
 
Photo 23 : Les élèves révisent leurs arguments en relisant les notes du paperboard.
 
Photo 24 : Emmanuel prend la parole pour essayer de convaincre l’assemblée fictive que la gravité de la situation exige le recours à la guerre.
 
Photo 25 : Maxime poursuit en arguant du fait que différer est plus périlleux qu’agir tout de suite.
 
Photo 26 : Et Antoine de conclure : « La guerre est inévitable, soyons courageux, défendons-nous contre l’ennemi de la démocratie et de la liberté ».
 
- « Les roses » (qui portent l’écharpe rose d’orateur) préfèrent la paix envers et contre tout.
 
Photo 27 : Émilie rappelle combien la paix est précieuse pour le bonheur de tous.
 
Photo 28 : Élina évoque les conséquences dramatiques de la guerre qu’il convient d’éviter à tout prix.
 
Photo 29 : Siméa souligne qu’aux ravages présents, la guerre ajoute des séquelles durables, autant de blessures pour des générations.
 
Photo 30 : Et Rose de conclure : « Nous ne voulons pas de la guerre, nous savons trop combien elle génère de souffrances inutiles et absurdes, car ce qu’il y a de plus précieux, c’est la vie ».
 
Cette joute aratoire s’achève sous les applaudissements des élèves et des adultes encadrants. Claire Le Van rappelle que les élèves ont ainsi construit comme une problématique de dissertation et ont déployé une argumentation en thèse et antithèse, ce qui pourra leur être utile pour les épreuves du baccalauréat. De plus, améliorer son éloquence ne nuit jamais.
 

                2. ATELIER PEINTURE

 
Photo 31 : Les 1HLP se rendent ensuite dans les caves du château pour participer à l’atelier peinture.
 
Photo 32 : Ils vont réaliser des cartes postales à partir de citations de Louise Weiss sur la paix en Europe avec Céline Widemann, artiste plasticienne du mouvement de l’art singulier et narratif.
 
Photo 33 : Une citation de Louise Weiss sur la paix.
 
Photo 34 : Les élèves bénéficient également du talent créatif de l’artiste peintre et enseignante à la Haute école des arts du Rhin, Marie-Jo Daloz, pour réaliser des cartes postales sur l’Europe avec des fleurs.
 
Photo 35 : Les 1HLP du lycée du Haut-Barr et les 1AGORA du lycée jules Verne font une photo de groupe à la fin de leur atelier peinture, heureux d’avoir pu créer ces cartes postales de paix. 
 

                3. MINI-MUSEE

Photo 36 : Emmanuelle Thomann, directrice du musée du Château des Rohan, accueille les groupes d’élèves et leur donne les consignes pour participer à cette activité, ici les 1HLP et 1AGORA. 
 
Photo 37 : Chaque élève doit, à partir d’une image, retrouver un objet ayant appartenu à Louise Weiss présenté dans les collections du musée. Un fois cet objet retrouvé, l’élève doit noter les informations (désignation, matériaux, datation, provenance) sur son « cartel ». 
 
Photo 38 : Ensuite, les élèves se regroupent pour écouter le récit de la vie de Louise Weiss.
 
Photo 39 : Les élèves replacent l’un après l’autre chaque cartel d’objet sur un axe chronologique. Chaque groupe repart avec ces cartels-objets et le panneau avec la frise historique où sont notés les moments phare de la vie de Louise Weiss. Ainsi, l’enseignant peut approfondir l’exercice en cours.
 

Les THLP : ateliers

 
 

                                                   1. ATELIER PARLEMENT EUROPEEN

 
Photo 40 : Julie Verney et Marie Lanno sensibilisent les élèves à l’importance des instances européennes dans la politique internationale à travers trois ateliers consécutifs.
 
Photo 41 : Elles vont ensuite leur proposer une activité pour parvenir à distinguer les fausses et les vraies nouvelles, travail critique nécessaire pour tout citoyen afin de pouvoir se forger un avis éclairé sur les événements.
 

                                                   2. ATELIER PHILO

 
Photo 42 : Charles Haas fédère le groupe des partisans de « la paix à tout prix », au nombre desquels comptent les THLP du lycée du Haut-Barr et les BTS du Lycée Leclerc, accompagnés par Karine Gaillard, enseignante d’éco-gestion, et les invite à trouver des arguments à opposer à la partie adverse.
 
Photo 43 : De nouveaux arguments sont forgés. Chacun des trois groupes ayant pratiqué cet atelier au cours de la matinée a nuancé, affiné, approfondi des aspects complémentaires mais spécifiques.
 
Photo 44 : Claire Le Van met les élèves en condition : « Vous êtes à l’ONU, vous êtes décideurs, face à un événement d’une gravité sans précédent, vous devez trancher pour ou contre la guerre », le ton est donné, il est pathétique, il va falloir recourir à de l’éloquence et des effets de manche rendus possibles grâce aux écharpes d’orateur pour convaincre l’assemblée internationale fictivement présente au château des Rohan ce matin-là !
 
Photo 45 : Clara indique que face à la gravité de la situation, la seule possibilité, c’est de sortir les armes pour ramener sécurité et respect des droits humains.
 
Photo 46 : Zoé de lui rétorquer que la guerre ne résoudra rien, mais va empirer la situation.
 
Photo 47 : Lou rappelle que ce n’est jamais de gaité de cœur que l’on entre en guerre, mais qu’un pacifisme naïf peut être plus dangereux qu’une guerre de défense bien menée, déclarée dans le souci de restaurer la paix.
 
Photo 48 : Un élève répond que la guerre est un mauvais moyen pour parvenir à la paix, et qu’il faut avant tout chercher à négocier en recourant aux voies diplomatiques.
 
Photo 49 : Mahla réplique que quand toutes les voies diplomatiques ont échoué, impossible de reculer, il faut entrer en guerre, seul moyen de protéger une démocratie attaquée par un régime déviant.
 
Photo 50 : Un élève n’est pas d’accord, il y a des armes d’une autre nature, comme des sanctions économiques ou la dissuasion, cela est aussi efficace et évite des bains de sang. « La paix doit être préservée, c’est un bien précieux ! ».
 
Cette joute oratoire s’achève sous les applaudissements des participants qui tous se rendent compte combien ces questions sont à la fois décisives et complexes, « une vraie problématique philosophique », rappelle Claire Le Van, « problématique à laquelle Louise Weiss a été confrontée lors des deux conflits mondiaux ». En effet, Louise Weiss déclarait « Je hais la guerre » et elle a fondé L’Europe Nouvelle pour éviter le retour d’un conflit fratricide sur le continent (elle défend alors l’idée d’une paix à tout prix), mais confrontée à la montée du nazisme et à l’arrivé de ce dernier au pouvoir en Allemagne par les urnes en 1933, elle opte pour une position lucide (la paix ne peut pas résulter d’un arrangement avec Hitler : « On ne pactise pas avec Hitler », éditorial de L’Europe Nouvelle du 18. 11. 1933, il faut s’armer et se défendre contre le IIIème Reich : la guerre est parfois nécessaire). Ainsi, les deux positions défendues par les deux-sous-groupes d’élèves ont été successivement soutenues par Louise Weiss à des époques différentes, et il n’y a pas là contradiction, mais compréhension lucide et adaptation aux situations géopolitiques à chaque fois différentes. Et c’est tout l’art de Louise Weiss d’avoir su être présente à l’histoire de son temps et d’avoir compris les événements dans ce qu’ils ont d’inédits pour se positionne de façon adaptée. 
 
Photo 51 : Un troisième atelier philo a permis aux 1HLP du Lycée Leclerc, accompagnés de Sabine Niess, enseignante de Lettres, de participer brillamment au débat, où les élèves porte-paroles des deux sous-groupes ont été particulièrement éloquents et convaincants, en faisant preuve d’une grande implication dans leurs prises de parole. 
 

                                                   3. ATELIER PEINTURE

Photo 52 : Des cartes postales réalisées avec Marie-Jo Daloz.
 
Photo 53 : Des cartes postales réalisées avec Céline Widemann.
 
Photo 54 : Toutes les cartes postales rassemblées pour promouvoir la paix en Europe.
 
Atelier écriture
 
Dans les autres parcours proposés aux 1HLP du lycée Leclerc, accompagnés par Sabine Niess, ainsi qu’aux collégiens des Sources accompagnés par Estelle Raguenès et Stéphanie Majewski, l’atelier écriture d’Alessandra Blache a constitué un moment très stimulant.
 
Photo 55 : Les consignes sont transmises par l’animatrice-écrivaine : 1. élaborer un acrostiche en utilisant le nom de Louise Weiss, 2. inscrire sur des coupons de papier des mots ou expressions emblématiques de L. Weiss - les déposer dans une urne prévue à cet effet - puis que chaque élève (ou groupe d'élèves) rédige un texte libre à partir de 3 mots ou expressions piochés au hasard. 
 
Photo 56 : En fin d'atelier, les élèves ont déclamé à voix haute leurs textes devant leurs camarades et les enseignants présents. Ces Ateliers furent propices à la créativité de chacun ainsi qu'à la dynamique de groupe (y compris entre les classes), tout en favorisant l’alternance écrit/oral.
 

    II. Spectacle « Nous l’Europe », de Laurent Gaudé.

 
Après-midi : le spectacle « Nous l’Europe, le banquet des peuples » de Laurent Gaudé où l’histoire poétisée nous invite à penser l’Europe dans ses triomphes et ses excès, ses égarements et ses lumières, pour devenir plus humains…
 
Photo 57 : La salle de l’Espace Rohan est remplie : les 200 lycéens du Haut-Barr rejoignent les 130 élèves des autres établissements savernois.
 
Photo 58 : François Cancelli, à la façon des aèdes antiques, déclame avec force et sensibilité, le texte poétique écrit par Laurent Gaudé.
 
Un texte lumineux, un rythme musicalement entraînant, de l’épaisseur textuelle, une voix riche, une densité d’expériences collectives condensées dans des tableaux historiques narrés à la manière des grandes épopées, et une mise en scène éblouissante car sobre, touchante, secouante, portée par un jeu musical fascinant. Le musicien et la chanteuse sont parvenus à exprimer des sonorités essentielles, donnant du relief, de la profondeur et de l’écho au texte. La tonalité d’ensemble est une invitation à sortir de la torpeur pour réactualiser les utopies et faire fleurir le meilleur. Et pour en prendre la mesure et en comprendre l’importance, revisiter l’histoire européenne et ses pages sombre est une nécessité. Rapacité avide et progrès de l’ère industrielle, combats sanglants et joies collectives, ère du feu et de l’acier, élans de la poésie et des innovations, banquet de dévoreurs ou banquet platonicien ? 
 
Photo 59 : La chanteuse qui incarne l’Europe et son souffle, voire l’éternel féminin avec ses chants et sa danse tantôt grâcieuse, tantôt saccadée, confère une intensité toute particulière à la narration.
 
Les tableaux se succèdent, nous plongeant parfois dans des ambiances enjouées, dansantes et libres, mais aussi dans des folies collectives, encendrées par la voracité des crématoires. Des livres fleurissent et enflamment les consciences de beauté et d’intelligence, mais des autodafés livrent ces pages de lumière aux flammes dévoreuses de la haine. Et tournent les pages du livre d’histoire, des abymes s’ouvrent, abyssales, dantesques…, mais chantent à nouveau des oiseaux, fleurissent des printemps et tombent des murs. Le lot de la condition humaine est narré de manière forte et douce. Ballotée par les tragédies de l’histoire, la solitude courageuse de l’individu demeure. Face aux rouages implacables d’événements accablants, les créateurs confrontés à l’horreur se demandent comment faire front : suicide, révolte, création artistique, « vent de l’intelligence » ? 
 
Photo 60 : La sobriété de la mise en scène se traduit en tableaux, aux lignes pures et essentielles, où voix et musique entrent en résonance.
 
Sont actionnés des mécanismes impitoyables qui font de l’autre non un frère mais un « indésirable », et aux ruisseaux de sang succèdent des champs de croix, tristes moissons. Les flaques sonores qui se déploient en vagues, les cris gutturaux qui ponctuent les tableaux et surtout la somptuosité du texte interprété de manière créatrice confèrent à ce spectacle comme une force magnétique, une onde d’intensification pour réhabiter des interrogations décisives : quelles colères devons-nous laisser gronder pour préserver la dignité ? Quelles sont les espérances de cette Europe troublée, et quels rêves habiteront, après tant d’insomnies, des nuits de sommeil retrouvées ? Le sommeil de l’indifférence est-il encore possible ? Les grandes fatigues qui rivent à la désespérance ne devraient-elles pas laisser enfin place à des matinées sereines dans l’embellie de leurs éclaircies ?  Les visions du poète dessinent des fenêtres vers des possibles réenchantés : à force de courage, d’audace et de constance, en maintenant résolument le regard tourné vers des étoiles de paix, serait-il possible collectivement de renouer authentiquement avec les éblouissantes clartés humanistes ?
 
Photo 61 : Le comédien, par la force du texte, interpelle le public : quels mythes collectifs européens, quelles utopies voulons-nous penser et forger pour un avenir prometteur ?
 
Photo 62 : Lors du bord de plateau, les artistes répondent aux questions des élèves, notamment au sujet de leurs choix de mise en scène.
 
Photo 63 : Pour terminer François Cancelli remercie Denis Woelffel et l’Espace Rohan à Saverne pour leur accueil, ainsi que les techniciens responsables des éclairages, du son et des visuels projetés sur écran. Il remercie également vivement les nombreux élèves présents pour la qualité de leur écoute, car lors de ces deux heures de spectacle, les élèves captivés, sont restés concentrés et attentifs.
 
Photo 64 : Les acteurs étaient visiblement profondément heureux d’avoir pu partager ces textes somptueux aux jeunes et de leur avoir ainsi transmis un héritage culturel européen complexe mais riche de possibles, pour les inviter à créer de belles utopies rectrices, porteuses d’avenir.
 
Les spectateurs, jeunes comme moins jeunes, sont sortis interpelés par cette représentation fascinante et secouante, et ne sont pas prêts d’oublier ces moments exceptionnels qui les ont fait voyager dans les strates de l’histoire européenne au moyen d’une poésie fulgurante portée par des artistes très talentueux.
 
Merci infiniment à tous celles et ceux qui ont rendu possible cette journée si riche, et tout particulièrement à la Ville de Saverne, avec son maire Stéphane Leyenberger, son directeur des affaires culturelles, Denis Woelffel, sa directrice du musée, Emmanuelle Woelffel et leurs équipes !
Un grand merci aux collègues des deux collèges et des trois lycées savernois pour leur participation active aux ateliers créatifs et au spectacle à l’Espace Rohan, et en particulier aux référentes, Catherine Bizot, Sabine Niess, Nathalie Risch et Estelle Raguenes ! Merci à Catherine Bizot et à Karine Gaillard d’avoir pris en charge, en plus de leurs élèves, mes 15 1HLP et 8 THLP lors des parcours dans les différents ateliers, alors que j’étais accaparée par l’animation des ateliers philo !
Un merci très chaleureux à la direction du lycée du Haut-Barr pour leur soutien à ces actions, le proviseur Roland Buttner avec la proviseure-adjointe Laurence Jézéquel et la gestionnaire Morgane Montembault !
Toute notre gratitude aux représentants de la Société des membres de la Légion d’honneur (SMLH), Charles Haas, Marie-Laure Jundt et Roland Sinteff pour leur soutien et leur participation à l’atelier philo ! Merci du fond du cœur à Nelly Tsokanis, représentant le Rotary Club de Saverne, pour sa présence souriante lors de l’atelier philo et pour son compte-rendu remarquable !
Merci à la Compagnie La Strada pour le spectacle éblouissant offert aux jeunes et à leurs accompagnants, et en particulier au comédien-metteur en scène François Cancelli qui a rencontré les classes en amont lors d’ateliers préparatoires !
Merci à mes élèves d’HLP (spécialité « Humanités : Littérature et philosophie ») et à tous les élèves des autres établissements savernois pour leur participation créatrice, motivée, intelligente et cordiales lors des différents moments de cette journée inoubliable !
 
Claire Le Van, le 03. 12. 2023.