Lycée du Haut-Barr

- 67700 Saverne -

Photo 1 : De l’élégance pour cette sortie rieuse : certains élèves ont sorti le costume !

Quelle soirée incroyable ! Le vendredi 18 novembre 2022, les TG1, 1HLP et THLP, habillés avec élégance pour faire honneur à cette sortie en soirée à l’Espace Rohan, ont pu vivre un moment jubilatoire grâce à leur abonnement de théâtre réservé dans le cadre des projets UNESCO par Mme Le Van, leur enseignante de philosophie, accompagnée par Mme Laneres, enseignante de Lettres, et Mme Buttin, documentaliste. La mise en scène moderne proposée par la Compagnie du Détour a revisité ce grand classique de manière burlesque, en respectant le texte original en alexandrins, mais en faisant le choix audacieux de situer l’action dans une cuisine, lieu féminin par excellence, symbolisant l’asservissement, mais aussi la volonté d’une possible émancipation.


Les cinq comédiennes s’en sont donné à cœur joie pour rehausser le comique de situation proposé par le texte de Molière, notamment en utilisant des poireaux comme arme de combat contre le triomphalisme du patriarcat ! Le texte est une critique satirique contre la domination masculine qui n’a de cesse d’inférioriser et d’objectiver les femmes, les réduisant à l’espace domestique et à leur corps (qui doit plaire, séduire puis engendrer), et voulant leur interdire l’accès à la pensée (réservée aux hommes). Mais chez Molière, les nuances sont d’importance, car dans cette pièce, la figure dominatrice est plutôt du côté de la mère que du père, du moins, c’est elle qui, voulant prendre sa revanche sur son époux, espère finir par s’imposer, notamment pour le choix de son beau-fils, mais par bonheur pour sa fille, en vain ! Car la perspective d’épouser un Trissotin arrogant, prétentieux et vénal, ne pouvait réjouir qu’une mère aveuglée, distante et manipulée, mais certainement pas une jeune fille en quête d’amour authentiquement partagé.

Photo 2 : Quiconque voudrait s’opposer à Madame risque une volée de coups de poireau, qu’on se le dise !!!

Un vent de liberté souffle dans ce lieu clôt : les intellectuelles peuvent y méditer, réfléchir et discuter, même si elles ont un petit côté « précieuses ridicules », tandis que l’amoureuse finit par pouvoir choisir l’homme qu’elle aime véritablement, grâce à l’autorité patriarcale restaurée in extremis ! Les actrices vont jusqu’à évoquer des questionnements contemporains sur la « fluidité des genres » du fait qu’elles jouent des rôles des deux sexes et changent ostensiblement de rôle et de genre dans des coulisses rendues visibles. La cuisine est-elle le lieu de la matière et du corps ou celui de l’esprit et de l’élévation ? La vie de l’intelligence est-elle l’apanage d’un genre ? Telles sont les questions toujours d’actualité qui sous-tendent la comédie satirique. La scène avec le fameux sonnet de Trissotin a suscité des crises de fou rire dans l’auditoire, du fait des onomatopées et de la gestuelle explorées sous forme de performances, un vrai banquet de l’esprit pour une farce réussie ! 

Claire Le Van

Photos 3 et 4 : les élèves, après une grosse semaine de cours, ravis de ce moment d’évasion ludique. 

Article DNA du 25. 11. 2022 : « Des femmes savantes très actuelles ».